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samedi 26 avril 2014

l'affaire Calas

L'affaire Calas

A l'époque où l'affaire Calas a éclaté, les charges de justice s'achetaient ce qui, bien entendu, ne garantissait ni l'indépendance de la justice, ni la qualité de la justice qui était rendue. Jean Calas avait été accusé d'avoir tué son fils, qu'on avait retrouvé pendu, parce que ce dernier voulait devenir catholique. Cette accusation sur fond de querelles religieuses entre catholiques et protestants avait été avant tout politique.

Après avoir longtemps douté et hésité, Voltaire s'était investi dans cette affaire et avait fait  jouer ses relations pour faire éclater la vérité. Les magistrats de la Cour royale rétablirent la veuve Calas dans ses droits et réhabilitèrent la mémoire de son défunt époux.

la fuite de Louis XVI à Varennes


Arrestation du roi et de la famille royale

Le roi Louis XVI qui n'est plus libre de ses mouvement finit par accepter de chercher à fuir les Tuileries et à se rendre à l'étranger pour y organiser une contre révolution.

L'objectif consiste à rallier discrètement la place forte de Montmédy, pour y rejoindre le marquis de Bouillé, général en chef des troupes de la Meuse, Sarre et Moselle, coorganisateur du plan d’évasion. Une série de mauvaises applications de ce plan transformera cette tentative de reprise en main de la Révolution par le roi en échec; cet échec sera particulièrement bien exploité par les partisans de l'instauration d'une république.

mercredi 18 décembre 2013

les Catacombes et le cimetière des Innocents


Le cimetière des Innocents au 18ème siècle

A Paris et dans plusieurs grandes villes de province les cimetières ont souvent posé des problèmes dont des problèmes majeurs de salubrité.  Ce fut notamment le cas dans la capitale avec le très important et très central cimetière des Innocents.

Ce cimetière se situait dans le quartier des Halles, à l'emplacement de l'actuelle place Joachim-du-Bellay au centre de laquelle se tient la Fontaine des Innocents.

Le cimetière des Innocents était très anciens. En effet, il remontait aux Mérovingiens et se trouvait  alors, hors les murs d'enceinte de la ville, sur la route qui va de Paris à Saint-Denis.

Dès 1554, des médecins de la faculté de Paris s'indignent en vain contre les risques d'épidémies que fait peser l'existence du cimetière des Innocents. En 1737, des médecins de l'Académie royale de sciences confirment cette analyse et les plaintes des riverains sur les nuisances subies ne font que s'accumuler au fil des ans.

A la fin du 18ème siècle, après de multiples débats, un projet est finalement approuvé. Le préfet de police Lenoir envisage alors le transfert à l'extérieur de Paris d'une partie des ossements contenus dans le cimetière des Innocents. L'aménagement à cette fin des carrières souterraines de la Tombe-Issoire, situées sous la plaine de Montrouge au sud de la capitale, lui semble parfaitement convenir (1).

Une partie des ossements du cimetière des Innocents  (les ossements secs) sont alors transférés dans ce lieu qu'on nommera les Catacombes (2).

(1) Au sud de la barrière d'Enfer des Fermiers généraux érigée juste avant le début de la Révolution. 
(2) Les Catacombes peuvent de nos jours se visiter depuis la place Denfert Rochereau dans le 14ème arrondissement (métro Denfert Rochereau).

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samedi 14 décembre 2013

l'encombrement des rues de Paris

 
Jardin du Palais-Royal au 18ème siècle

Malgré les encombrements et le tumulte de la rue, comme à son habitude, le jeune inspecteur de police Gustave Dumoulin marche avec le pas très décidé d’un jeune homme qui va toujours de l’avant et que rien ni personne ne semble pouvoir arrêter.

Dans la rue Neuve des Petits-Champs que le jeune inspecteur remonte en direction de la place du Palais-Royal où le mène une enquête, il lui faut éviter un grand nombre d’obstacles qui ne lui sont pas étrangers.

C’est tour à tour, les tonneaux d’un porteur d’eau lourdement chargé qui gêne son passage, un groupe encombrant et bruyant de tailleurs de pierres qui travaillent devant une maison en construction à proximité de l’hôtel particulier qui jadis appartenait à Jean-Baptiste Lully, une marchande de gros beignets au blanc-manger entourée de quelques chalands, qui à l’évidence, s’avèrent intéressés par les appétissantes friandises qu’elle propose à la vente, une charrette pleine de vielles tuiles à en déborder qui refuse d’avancer dans la direction voulue par les deux hommes qui tentent de la tirer….

Un peu plus haut dans la même rue Neuve des Petits-Champs, l’inspecteur est tenu de faire un écart pour éviter les mannes d’osiers particulièrement envahissantes d’une marchand de volailles, une voiture flanquée d’armoiries tirée par deux solides chevaux noirs, aux crinières tressées avec des rubans et aux naseaux fumants, qui file à très vive allure en sens inverse en direction de la place Louis-le-Grand, un mendiant pseudo-éclopé et particulièrement sale, sorti tout droit d’une cour des miracles, et qui jusque là a pu échapper à l’enfermement peu réjouissant de l’Hôpital général…

Extrait d'un livre de G. Raffalli

vendredi 13 décembre 2013

la politique d'enfermement

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Conduite des filles de joie à la Salpêtrière

Au milieu du XVII  siècle la pauvreté avait fortement progressé en raison notamment des troubles provoqués par la Fronde.

A la même époque fut mis en place l'Hôpital général dont l'objectif n'était pas de prodiguer des soins aux malades comme son nom pourrait le faire penser mais d'enfermer les mendiants, les vagabonds et les prostituées.  Une politique d'enfermement de même nature fut menée dans divers pays d'Europe à la même époque.

Ainsi, à Paris, dans les établissements de la Salpêtrière, la Pitié, Bicêtre, il s'agissait d'accueillir selon les termes mêmes de l'Édit de 1656 les pauvres: « de tous sexes, lieux et âges, de quelques qualité et naissance, et en quelque état qu'ils puissent être, valides ou invalides, malades ou convalescents, curables ou incurables ».

Cette politique d'enfermement se poursuivit au XVIII siècle. A la veille de la Révolution, la Salpêtrière, qui était le plus important hospice au monde, abritait 10.000 personnes. La province comptait 32 hôpitaux généraux.

Une affaire d'abus d'enfants recueillis par l'Hôpital général de Paris, nommée: "affaire de l'Hôpital général", provoqua un conflit au plus niveau du royaume et une reculade du roi devant le Parlement qui ne voulait pas que l'affaire éclate au grand jour.

Les Parlementaires allèrent jusqu'à se mettre en grève en 1751 pour être entendus dans cette affaire et conserver leurs prérogatives en ce qui concerne cette institution.

Des tueries intervinrent dans la prison de l'Hôpital général lors des massacres de septembre 1792.

mardi 10 décembre 2013

la fin du règne de Louis XIV


Le roi soleil

Le règne du roi de France et de Navarre Louis XIV, le roi soleil, fut particulièrement long et s'acheva le 1 septembre 1715 avec la disparition du souverain à Versailles (1).

La fin du règne de Louis XIV avait été très difficile pour les Français en raison des guerres que le roi avait cru devoir mener (ou fut contraint de mener) contre un certain nombre de puissances étrangères.

La guerre de succession d'Espagne, qui fut un des principaux conflits de Louis XIV, dura de 1701 à 1713. Elle permit la montée sur le trône d'Espagne d'un Bourbon; mais avec des pouvoirs réduits et le renoncement, pour lui et pour sa descendance , au trône de France , même dans le cas où les autres princes du sang français disparaîtraient.

L'influence de Madame Maintenon avait également contribué à dégrader la situation. Elle concerna notamment la révocation de l’Édit de Nantes par l’Édit de Fontainebleau en 1685 qui provoqua l'exode de nombreux protestants et de graves conséquences économiques pour un royaume qui n'en avait assurément pas besoin .

A la fin du règne, suite à une hécatombe sans précédent qui frappa les Bourbons, se posa un très sérieux problème de succession; finalement c'est un arrière petit fils du roi, petit fils du Grand Dauphin, le duc d'Anjou, qui devint roi en 1715 après la mort de Louis XIV (à l'âge de 5 ans sous le nom de Louis XV).

(1) Il avait 76 ans et avait régné pendant 72 ans.

les exécutions en place de Grève

 
l'exécution de Damiens en place de Grève

L'usage voulait que les exécutions à Paris interviennent en place de Grève c'est à dire place de l'hôtel de ville. 

Ces exécutions attiraient une foule nombreuse et les Parisiens se rendaient au supplice comme on va au spectacle. Pour être bien placé et ne rien manquer du funeste spectacle on se rendait sur place plusieurs heures avant le "début des réjouissances".

Des Parisiens se perchaient dans les arbres pour mieux voir. Les occupants des maisons voisines louaient très cher les croisées des fenêtres et les balcons. Certains résidents louaient des places sur des échafaudages qu'ils installaient  sur les toits pour l'occasion.

Une des exécutions les plus horribles fut celle de Robert- François Damiens qui fut condamné pour avoir frappé Louis XV avec un canif. En fait, il semblerait que Robert- François Damiens n'ait pas vraiment cherché à tuer le roi, mais seulement à attirer son attention sur sa "mauvaise conduite"....

En France, Robert- François Damiens fut le premier à être exécuté  par écartèlement.

La sentence stipulait notamment: « dans le dit tombereau, à la place de Grève, et sur un échafaud qui y sera dressé, tenaillé aux mamelles, bras, cuisses et gras des jambes, sa main droite tenant en icelle le couteau dont il a commis le dit parricide, brûlée au feu de soufre, et sur les endroits où il sera tenaillé, jeté du plomb fondu, de l'huile bouillante, de la poix résine brûlante, de la cire et soufre fondus et ensuite son corps tiré et démembré à quatre chevaux et ses membres et corps consumés au feu, réduits en cendres et ses cendres jetées au vent ».

Robert-François Damiens aurait eu cette phrase laconique restée célèbre : « la journée sera rude ».

samedi 7 décembre 2013

le commerce triangulaire

 
acheminement des captifs vers un bateau de traite

On appelle commerce triangulaire ou commerce circuiteux une des toutes premières formes de mondialisation.

Ce commerce orchestré par les pays du Vieux Monde consistait à fournir aux traitants d'Afrique (1) des objets divers (appelés objet de pacotille) en échange de jeunes Noirs des deux sexes.

Ces Noirs étaient arrachés à leur sol et transportés à fond de cale dans des conditions inhumaines vers les lointaines colonies des Blancs du Nouveau Monde et des Caraïbes où la demande de main d’œuvre était importante.

Là, les bossales (2)  étaient revendus à des colons et devenaient des esclaves dans les exploitations agricoles (appelées habitations)  qui produisaient du sucre, du café , du coton ... . 

Au 18ème siècle la demande de produits exotiques des pays européens était importante et la demande de captifs progressa  proportionnellement ce qui entraîna une progression de la traite négrière.

Les Noirs (comme les femmes) furent les grands oubliés de la Révolution française et des droits de l'homme qui ont été définis et institués en 1789.

Il a été très difficile de faire bouger les lignes car le lobby  des colons était très puissant. La première avancée importante est venue de Saint-Domingue "la perle des Antilles" avec le soulèvement organisé par le hougan (3) Dutty Boukman en août 1791 dans la Plaine du Nord de cette colonie.

(1) On appelle traitant une personne qui participe à la traite. 
(2) Les bossales sont les Noirs qui viennent d'arriver dans les colonies. 
(3) Prêtre de la religion vaudou.

dimanche 1 décembre 2013

le temple des échecs


Le Palais-Royal à la fin de la Révolution française

Les bons joueurs d’échecs parisiens prirent d’abord pension au café Procope le prestigieux café situé rue des Fossés Saint Bernard.

Vers 1740, les joueurs quittèrent le Procope et traversèrent la Seine, pour s’installer dans le quartier du Palais-Royal, au café de la Régence.

Le café de la Régence qui avait été créé vers 1688, par un certain Lefèvre, s’appelait initialement le café de la place du Palais-Royal et était devenu le café de la Régence en 1718, soit peu de temps après la mise en place de la régence de Philippe d’Orléans, duc de Chartres.

La café devint célèbre en raison de la qualité de sa fréquentation et du niveau élevé des joueurs qui y poussaient du bois (1).

Ce temple des échecs fut fréquenté par Voltaire, Denis Diderot, Jean le Rond d'Alembert, Jean-Jacques Rousseau, le maréchal de Richelieu, Maximilien de Robespierre, Bonaparte.... 

Son plus fort joueur fut pendant un temps un certain Kermur de Legal que les joueurs d'échecs connaissent bien en raison de la partie miniature qu'il a disputée à la Régence contre Saint-Brie en 1750 (partie connue sous le nom de mat de Legal).

Puis la première place revint à François-André Danican Philidor qui devait être considéré comme étant le meilleur joueur au monde après qu'il ait battu le Syrien Philippe Stamma à Londres en 1747. 

(1) Ancienne expression pour dire jouer aux échecs.

La police voulue par Louis XIV

 
Une attaque du coche par d'anciens soldats 


Au début du 18ème siècle, les vols, les crimes, les incendies, la mendicité et  la prostitution étaient importants notamment à Paris.

A l'évidence, la misère dans laquelle se trouvaient  de très nombreux Français n'était pas de nature à améliorer cette situation.

Louis XIV et Colbert, au siècle précédent, avaient tenu à mettre en place sur Paris un lieutenant général de police aux pouvoirs très étendus. Le premier lieutenant avait été Gabriel Nicolas de La Reynie (1625 1709) qui avait occupé ce poste pendant trente ans de 1667 à 1697.

 Il avait regroupé toutes les institutions concernées dont les actions étaient dispersées, voir contradictoires, et avait réalisé un travail de modernisation considérable.

Au 18ème siècle, des améliorations organisationnelles furent apportées. Ces changements restèrent  en ligne avec ce que Louis XIV et son ministre avaient voulu; c'est à dire: mettre de "l'ordre en toutes matières", prendre en compte la puissance du Parlement, ne surtout pas sous estimer la capacité des Parisiens à produite de grands tumultes....

Le 1er marquis d'Argenson (1652 1721) qui succéda à Gabriel Nicolas de La Reynie demeura 21 ans à la tête de la police de la capitale. On lui doit le renforcement des moyens mis en place (notamment la création du corps des inspecteurs de police), la lutte contre les jansénistes et l'expulsion des religieuses  de Port-Royal des Champs.

Un des plus beaux coups de filet de la police à cette époque fut l'arrestation de Louis Dominique Cartouche (1693 1721) dont l'organisation criminelle ne comptait pas moins de 2000 "collaborateurs". Cette arrestation fut accompagnée de 350 arrestations et de nombreuses condamnations dans les années qui suivirent.